Yves Tsala : << Il y a du talent, il faut mieux l’organiser >>

Jean Ateba
7 Min Lecture

L’expert en basketball examine la performance des Lionnes Indomptables du Cameroun à l’issue du Championnat d’Afrobasket Côte d’Ivoire 2025 où elles ont fait mieux (5ème place) qu’en 2023. Par ailleurs il pose un modèle de développement pour cette disciplines au Cameroun basé sur la combinaison des talents locaux et ceux de la diaspora pour garantir les résultats un peu plus reluisants.

Les Lionnes Indomptables du Cameroun terminent le Championnat d’Afrobasket 2025 à la 5ème place. Compétition manquée ?

C’est un bilan positif. Puisque nous avons gagné une place par rapport à l’édition du championnat de l’Afrobasketball en 2023. Mais une fois qu’on a dit cela, on doit aller un peu plus dans les détails et constater que dans les compétitions à l’extérieur du Cameroun en général, nous ne parvenons pas à franchir un plafond de verre pour aller au-delà des quarts de finale. La seule fois que nous avons franchi les quarts de finale hors des compétitions organisées au Cameroun, c’était en 2013 au Mozambique. Et depuis, le Cameroun, avant ça et après cela n’a pas franchi les quarts de finale. Ça veut dire qu’il y a quand même un gap entre nous et les équipes du dernier carré. Et il s’agit donc d’essayer d’analyser à quel niveau se situe la différence. Quel est ce gap qu’il faut combler pour atteindre le dernier carré qui nous échappe depuis 2013? Je parle des compétitions hors du Cameroun parce que pour celles qui sont au Cameroun, on a toujours été sur le podium. Comme en 2015 nous étions finalistes et troisième en 2021.

L’efficacité et la ténacité observée du côté camerounais durant la compétition n’ont pas alors suffi ?

Quand on regarde les résultats, nous sommes passés à côté de deux matchs cruciaux contre deux équipes du top 3 africain, notamment contre le Mali et le Nigeria. Donc, ce qui veut dire que c’est à ce niveau qu’il y a un problème. Lorsqu’on joue face à ces équipes-là, on perd nos moyens parce qu’elles performent plus que nos joueuses. Mais est-ce que ces équipes-là, face au Cameroun, méritent-elles de creuser un écart de plus de 20, 30 points? Se demande-t-il. On a fait des non-matchs contre ces formations. Ça veut dire qu’il faut déjà questionner notre préparation mentale lorsqu’on doit jouer contre de telles formations. Et puis, comment on se déploie dans ces matchs?. Je pense que c’est à ce niveau-là qu’il y a un véritable souci. Le rang obtenu à l’issue de ce championnat d’Afrobasket 2025 nous prive des qualifications pour la Coupe du monde Fiba dames 2026. Mais nous qualifie directement pour la prochaine édition de l’Afrobasket. C’est aussi un problème parce que si nous continuons tel que nous avons l’habitude de faire, nous n’auront pas de regroupement. Nous attendrons deux ans (le prochain Afrobasketball) pour debuter la prépareration… Pourtant, il nous faudra des regroupements réguliers pour que les joueuses puissent travailler la cohésion, ce qui ne se fait pas.

Quelles sont les leçons à tirer pour le Cameroun au terme de cette compétition?

C’est de se poser des questions pertinentes : quelle vision doit-on mettre en place pour progresser ? Et quel est le plan de développement qu’on doit mettre en place pour cela ? Et ça, c’est le niveau qu’il faut travailler à partir de ce diagnostic. Les modèles de développement sont différents. On voit que le Nigeria a un modèle clair basé sur l’importation des talents issus de la diaspora.Quasiment toutes les joueuses sont formées et développées aux États-Unis. À contrario, le modèle malien est un basketball de développement local avec des filles locales qui passent par les équipes nationales de petites catégories avant d’arriver chez les seniors. Et au Cameroun, on peut avoir un modèle mixte de ces deux éléments. Mais comment le faire ? Il faut aller dans l’analyse, la détection de nos talents de la diaspora, l’encadrement des jeunes. Il faut y aller vraiment. On a commencé un peu avec la France, (Joelly Beleka, Bogdan Bogdanovićn, Monique Akoa-Makani) Il y en a d’autres dans certains pays : en Belgique, Pays-Bas, Italie, États-Unis. Il faudrait y aller sérieusement. Et puis, pour le basketball local, il va falloir l’améliorer, le championnat… On a vu que les joueuses locales n’ont pas véritablement pu s’exprimer durant le championnat d’Afrobasket. Est-ce que c’est parce qu’elles n’avaient pas le niveau ? Est-ce que le coach ne leur faisait pas confiance ? Il faut regarder tous ces aspects. Pour nous, le Cameroun, c’est un mixte avec un basketball local qui Peut-être de qualité. On a une belle formation à la base, on a vu les 18 talents en Afrique du Sud pour la première fois et être sur le podium. Il y a du potentiel, il faut juste mieux l’organiser ici ( Cameroun Ndlr). Et donc, à partir de là, on peut se projeter sur les deux à quatre années à venir et se dire que si ce travail va en profondeur, si les regroupements sont multipliés, alors on peut espérer atteindre le dernier carré et peut-être plus.

Propos recueillis par J.A

Classement de l’Afrobasket dames 2025

1- Nigéria

2-Mali

3-Soudan du Sud

4-Sénégal

5- Cameroun

6-Mozambique

7-Côte d’Ivoire

8-Ouganda

9-Egypte

10-Angola

11-Rwanda

12-Guinée

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *