
Journaliste et fondateur de l’Académie Le Grand 9, Mohamed Moluh puise son inspiration dans le parcours de Samuel Eto’o pour proposer un projet social et sportif gratuit destiné aux jeunes Camerounais et Africains. À travers le football, mais aussi la formation aux métiers connexes et la sensibilisation aux enjeux sociétaux, il entend offrir des repères solides et construire à terme des infrastructures durables, pour que chaque talent puisse rêver, se former et s’épanouir localement.

Vous venez de lancer les activités de votre académie baptisée Académie Le Grand 9. D’où vous vient cette idée et à qui faites-vous référence dans cette appellation ?
Merci pour l’intérêt que vous portez à ma modeste personne. Effectivement, le 7 décembre 2024, au stade de la chefferie de Nkozoa, nous avons officiellement lancé notre projet : l’Académie Le Grand 9. Le nom à lui seul est évocateur. Il fait référence à Samuel Eto’o Fils, actuel président de la Fecafoot, ancien attaquant de légende, meilleur buteur de l’histoire des Lions Indomptables, meilleur réalisateur de la Can, quadruple Ballon d’or africain, et pichichi de la Liga en 2006. C’est une manière pour moi de rendre hommage à son parcours exceptionnel. J’ai voulu m’inspirer de cette figure emblématique pour encadrer les jeunes Camerounais et Africains, en utilisant le sport comme levier d’éducation, de discipline et d’ambition. Le football sera notre point de départ, étant le sport roi chez nous, mais nous envisageons d’élargir notre offre à d’autres disciplines telles que le volley-ball et le basket-ball. À travers ce projet, je souhaite dire aux jeunes que, comme Samuel Eto’o, on peut partir de rien et atteindre les sommets avec de la détermination, du travail et des rêves. Sans repères ni modèles, il est difficile de se construire.
Pourquoi avoir précisément porté votre choix sur Samuel Eto’o ?
Samuel Eto’o est plus qu’un footballeur : c’est une légende vivante. Il a inspiré toute une génération de Camerounais et d’Africains. C’est un exemple de persévérance, de réussite et de grandeur. Comme je le disais plus haut, son parcours est une référence pour tous, pas uniquement pour les plus jeunes. Aujourd’hui, de nombreux jeunes s’égarent dans des pratiques dangereuses : consommation de drogues, prostitution, délinquance, usage abusif et toxique des réseaux sociaux… Il nous faut des repères solides, et Samuel Eto’o en est un. Il incarne une trajectoire inspirante, un modèle à suivre pour sortir du fatalisme et croire en soi.
Concrètement, en quoi consiste le lancement des activités et comment peut-on intégrer votre académie ?
Nous avons débuté nos activités en décembre dernier par l’enrôlement de jeunes filles et garçons âgés de 5 à 18 ans, répartis en catégories (poussins, benjamins, minimes, cadets et juniors). Des encadreurs qualifiés sont mobilisés pour assurer leur formation sportive. L’intégration se fait gratuitement car l’Académie Le Grand 9 est une initiative sociale. Le matériel que nous utilisons provient en grande partie de dons d’amis et de partenaires, aussi bien au Cameroun qu’à l’étranger. Je tiens à remercier particulièrement Carl Enow Ngachu, Directeur Général de l’Anafoot, pour le don important de matériels sportifs, ainsi que le journaliste Guy Bertin Nsigue, aujourd’hui basé au Canada. D’autres soutiens sont en cours de concrétisation. Nous espérons, avec le concours de partenaires extérieurs, construire nos propres infrastructures dans un avenir proche. Un grand merci à la famille du stade de Nkozoa, notamment à M. Essomba, qui a mis le terrain à notre disposition. Très prochainement, nous mettrons en place un programme spécial pour les vacances scolaires.Le Cameroun compte déjà de nombreuses académies et centres de formation.

Quelle sera la particularité de l’Académie Le Grand 9 ?
Notre première particularité, c’est notre nom fort et symbolique, qui interpelle tout de suite. Il évoque une icône du football africain. Mais au-delà du nom, notre académie se distingue par sa vision sociale, son ambition éducative et son approche pluridisciplinaire. Nous ne nous limitons pas au football : nous voulons aussi orienter nos jeunes vers les métiers connexes au sport, comme la médecine sportive, la kinésithérapie, le journalisme sportif, l’arbitrage ou encore l’entraînement. L’éducation intégrale de l’homme est notre priorité. Je suis moi-même journaliste, donc je connais bien les rouages de l’univers sportif. Nous souhaitons aussi sensibiliser les jeunes sur les dangers de l’immigration clandestine, et leur montrer qu’il existe des opportunités ici même, au Cameroun. Beaucoup ne voient dans le sport qu’une voie vers l’Europe, alors qu’il recèle de nombreuses valeurs humaines et professionnelles. Enfin, contrairement à beaucoup d’autres académies, nous ouvrirons à plusieurs disciplines sportives, avec un projet structuré à long terme. Je profite de cette tribune pour lancer un appel à tous les partenaires, aux âmes de bonne volonté, afin de soutenir cette initiative porteuse. C’est un défi personnel : faire de l’Académie Le Grand 9 une référence au Cameroun et au-delà.
Propos transcrits par J.A